Les 4 & 5 mai derniers, des scènes de vie, des tranches de quotidien ou encore des pastilles d'existence ont été incarnées à partir de hasards plus ou moins heureux, plus ou moins fortuits, par assemblage de phrases extraites d'un livre, de papiers tiré d'un chapeau ou de mots aléatoires.
Les improvisateurs des Zigotastiques, alertes et lestes à surfer sur l'incongruité et l'impossibilité des situations qui leurs sont soumises, s'en sont encore sortis haut la main. Admirez ces funambulistes agiles courir sur le fil de l'incertitude.
Ne manquez par leur prochain spectacle, le 15 juin à 18h00
(voir en fin de post)
Tour Eiffel musicale
Se projeter au 3ème étage de la Tour Eiffel pour le tournage d'un clip avec une starlette ingérable ? Esclaffades ! Hilarité ! Les trois improvisatrices, qu'un tirage au sort a réuni, sont nullement impressionnées par ce thème si commun, si peu agressif pour leur imaginaire galopant.
Vous leur laissez 20 secondes pour se coordonner et imaginer une entrée, une intrigue et une chute ? Pfffffff ! Cela leur laisse 18 secondes pour discuter politique monétaire et notamment de l'impact de l'absence de politique baissière à court-terme du taux d'intérêt directeur de la BCE sur les opérations de refinancement, s'écharper à ce sujet entre une vision keynésienne et hayekienne, puis se réconcilier autour d'un pot de l'amitié.

Un diorama de l'industrie musicale s'est mis en place sous nos yeux, avec ses tensions, ses fulgurances créatrices, ses drames. Chanteuse, danseuse, productrice, réalisatrice, scripte, opératrice de sécurité, infirmière psychiatrique, et mille autres personnages ont pris vie.


Course du temps
Rejouer 3 fois la même scène en réduisant la durée de moitié à chaque passage ? Même cette contrainte ne peut déstabiliser les improvisatrices et improvisateurs ! Et pourtant, ils opèrent sous le contrôle strict d'une foule pointilleuse sur le temps attribué, métrologie sévère digne des rêves érotiques peuplés de montres et d'engrenages d'un horloger suisse psychorigide !

Facture du coeur
Nouveau défi, nouvelle réussite ! Chaque performeuse et performeur, dans un cadre de jeu connu de tous, inclu le public, doivent interpréter des rôles avec des problématiques différents, parfois opposées, connues seulement par chacun des interprètes. Situations ambigües, cocasses, voire embarrassantes au programme !
Ultime jugement, tel Saint-Pierre qui se tâte à vous expédier directement aux enfers ou au purgatoire (et entre-nous, on connait qu'elle sera la réponse vous concernant...n'est-ce pas...?), la foule spectatrice doit, à l'issue des mini-scènes, deviner les enjeux de chacun des personnages. Satisfaction de la réussite en cas de dénouement positif, honte intense sinon pour les interprètes.
Place au show !
Lever de rideau.... (au figuré, primo parce que les rideaux de cette salle de spectacle s'ouvrent par une double translation latérale opposée et deuxio parce qu'ils étaient déjà ouverts... Il faut prendre ici cette remarque au sens figuré, pour illustrer un début de représentation... il me semblait important d'être précis sans me perdre dans des détails superflus et inutiles, sans digression).
Reprenons...
Lever de rideau... (au figuré, primo parce que les... Oups, déjà écrit...).
Lever de rideau... Une employée, dont nous ignorons la fiche de poste précise, le statut salarial ou même la place dans l'organigramme, s'inquiète du retard accumulé et surtout de la possibilité de ne pas finir la tâche assignée dans les délais, au grand dam et désarroi de sa hiérarchie, alors que les entretiens annuels d'évaluation sont si proches... Stress et tension !

L'autre employée est dans un état d'esprit différent. Les objectifs professionnels lui semblent bien étrangers, lointains et futiles... Ne vous fiez pas à cette mine renfrognée (voir photo ci-dessous), il ne s'agit point de la manifestation d'une intense concentration, mais plutôt celle des tourments et émois causés par des doutes sentimentaux. Comment s'ouvrir de ses élans du coeur envers sa collègue, sa confrère, sa voisine... Hein? Comment ?

Peut-être par un badinage enjoué ? Une curiosité guillerette ? Qui ne tente rien, n'a rien ! Qui s'y frotte, s'y pique ! Et tant va la cruche à l'eau, qu'à la fin, elle se brise...




Amour sincèrement vénal
Les joies des applis de rencontre en ligne, pétrins algorithmiques qui brassent des mensonges, des espoirs excessifs et des vérités enjolivées, conduisent deux êtres que tout sépare à néanmoins se rencontrer et se découvrir !
J'entends d'ici certains coeurs perfides, arides et mesquins, arguer que le gain de quelques millions d'euros à la Loterie Nationale facilite l'amour, gomme les biais, annihile les réticences, lubrifie les contacts humains. Mais ne dit t'on pas que l'argent ne fait pas le bonheur ?
Je vous plains... La désillusion vous grignote le coeur et l'âme, telle la gangrène...



Police de proximité
Nouvelle situation : Extérieur nuit, quartier pavillonnaire de banlieue d'une quelconque sous-préfecture chabrolienne.
Arpentant seule les rues à la nuit tombée, une gardienne de la paix recherche sécurité, sérénité et tranquillité d'esprit. Affable et aimable, cette fonctionnaire aimerait bien discuter avec des civils. Certes, siffloter rassure dans ces rues vides... mais demeurent les bruits urbains inquiétants, le mystère des fenêtres obscures derrière lesquelles des regards malintentionnés vous épient peut-être...
Fort heureusement, un dévoué monsieur semble vouloir rendre service à des voisins en villégiature. Il s'occupe, en cette heure tardive, certainement après une longue journée de travail, à mettre à l'abri des voleurs les valeurs de cette maison pendant son inoccupation estivale. Et qui plus est, sans allumer la lumière, certainement par souci d'économie et d'écologie. "Quel citoyen d'honneur !" se dit la représentante des forces de l'ordre. "Allons deviser avec ce brave homme"...
Avez-vous compris l'ironie de la situation ? C'est cocasse ! Quiproquos et embarras, alors, se succédèrent, se répondirent.


Grand-mère aspirée
Allons directement à la morale de cette saynète : n'aspirez pas les cendres de la grand-mère de votre colocataire. Non, ne le faites pas.... Quand bien même cela part du preux sentiment de lui offrir le réconfort d'un appartement en ordre à son retour d'un harassant voyage, ou bien peut-être n'est-ce que par culpabilité pour dissimuler les traces de vos frasques, quoiqu'il en soit, laissez sa grand-mère dans son pot.
Ou alors, entre passer l'aspirateur et danser la salsa, choisissez !

"Bah oui !" fut la réponse à la question "Étais-tu très attaché à ta grand-mère qui t'a élevé et dont tu gardes les cendres depuis 10 ans dans un pot au dessus de la cheminée, récipient auquel tu t'adresses régulièrement ?".
Quelle tension ! Nul n'a su anticiper quelle réponse allait être émise. Effroi, colère et compassion parcourent le public comme une onde de murmures.



Autres histoires...
Il y eu d'autres improvisations...
Une à propos d'un corps qui met en panne le lave-linge d'un pressing et des nouvelles techniques de réalisation de poupées gonflables...
Ou bien encore celle à propos de chatons et de coucherie avec une mère (halte-là... esprits pervers... les chatons ne sont pas concernés par les ébats amoureux) !
Il fut en outre question d'un rencard avec une blonde plus masculine en vrai qu'en photo et du tarif d'une bouteille de champagne.
Un critique russe a aussi partagé avec une douceur martiale et une bienveillance guerrière son appréciation sur le show.
Mais pour vivre cela, il fallait être présent...
Aussi, ne manquez pas la prochaine représentation !

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